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Le libéralisme est un totalitarisme

La dimension historique du "libéralisme" - 3

12 Mars 2010, 19:45pm

Publié par Marianne

Les mesures politiques des années 1979-1985

 

La hausse des taux d'intérêt américain, dès 1979 est une des première de ces mesures qui tentent de recréer le pouvoir des détenteurs de capitaux financiers et leur permettre d'accroître leur mainmise sur le monde. Entre 1979 et 1981, ces taux vont être multipliés par trois ou quatre. Ce relèvement des taux a pour but de restaurer le rendement des capitaux monétaires placés, les plaçant largement au-dessus de l'inflation. Si cette mesure satisfaisait les rentiers, elle fit souffrir l'économie et mit en difficulté un certain nombre d'entreprises. Peu importe : cela favorise la concentration des entreprises et la diffusion du chômage facilite le contrôle du monde du travail. C'est le « choc Volcker ».

  Ce « choc Volcker » conforte le rôle du dollar américain comme monnaie internationale de référence. Les pays « en voie de développement » s'étaient largement endettés pendant la période précédente, où les capitaux disponibles recherchaient des occasions de placement. Les emprunts contractés n'ont d'ailleurs pas tous, loin s'en faut, été affectés à des investissements utiles ; certains, particulièrement coûteux et inadaptés, ont été qualifiés « d'éléphants blancs ». Mais ces emprunts étaient libellés en dollars ; leurs poids réel s'est accru pour les Etats qui devaient les rembourser, et qui furent bientôt dans l'incapacité de le faire. L'engrenage de la dette s'est mis en place à ce moment—là ; placés sous la coupe de leurs débiteurs et du Fonds monétaire international, les Etat les plus pauvres doivent sans cesse payer les intérêts d'une dette dont ne peuvent se libérer ; « l'ajustement structurel », et les politiques qui lui ont succédé, ont contraint ces pays à sacrifier les politiques de santé, d'éducation, au détriment des populations et de la construction à long terme de leur avenir.

  Parallèlement, le « libéralisme » se constitue en doctrine et les Etats de l'OCDE adoptent des mesures favorables à l'accroissement des capitaux financiers disponibles et à leur suprématie sur le capital productif. Certaines ne sont que la révocation de règles de prudence adoptées pour prévenir le retour de crises semblable à celle de 1929 et à ses terribles conséquences : fin des contrôles sur les mouvements de capitaux, dérèglementation et décloisonnement des systèmes financiers. Cette liberté sans entrave des capitaux financiers est à l'origine de ce que l'on appelle la « mondialisation » dans son acception actuelle.

  Les politiques fiscales sont une autre facette de la mise en place du « libéralisme ». Les hauts revenus, en particulier ceux issus des capitaux placés sont systématiquement sous-imposés, ce qui induit la dette des Etats et la nécessité pour ces derniers de se refinancer par l'emprunt. La dette publique vient ainsi nourrir l'accumulation financière et accroitre la marge de manoeuvre des détenteurs de capitaux. Celle-ci était attendue pour faire face à la dynamique d'internationalisation de l'économie qui s'est mise progressivement en place depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Cet appui délibéré au capital financier a facilité les processus de rachat d'entreprise, de fusion-acquisition et permis la concentration des capitaux. L'activité des paradis fiscaux est parfaitement complémentaire aux politiques de sous-imposition en offrant aux particuliers et aux multinationales toutes opportunités pour se soustraire à l'impôt. Depuis le début des années 1980, le « libéralisme » persévère dans une politique continue de sous-imposition systématique qui est une pièce maitresse du dispositif mis en place.

  Ironie de l'histoire, c'est ce même Paul Volcker, qui en février 2010 voit ses efforts pour faire adopter des règles de régulation bancaire buter contre l'opposition du comité des affaires bancaires du Sénat. Ses propositions visaient à limiter la spéculation des banques de dépôt "pour compte propre", et à les empêcher de posséder des fonds spéculatifs, ou de les financer. Mais comme le rapporte le journal Le Monde (Les espoirs de régulation bancaire américaine vont faire long feu -LE MONDE | 16.02.10) « Maintenant que le plus fort du choc de la crise est passé, ce qui occupe les esprits, c'est le montant des contributions de Wall Street au budget des campagnes électorales et l'intransigeance des républicains. » Il n'y a aucune chance que ce comité adopte un texte audacieux. La volonté politique semble faire défaut à tous niveaux pour imposer aux banques des mesures significatives d'encadrement de leur activité, alors qu'elles sont libérées depuis plusieurs décennies de toutes entraves, et que la logique de la concurrence les conduit à une stratégie étroitement centrée sur profit à court terme.

 

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S
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