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Le libéralisme est un totalitarisme

La question de la propriété du capital revient à l'ordre du jour

9 Décembre 2012, 00:04am

Publié par Marianne

Poser la question de la propriété du capital, c’est poser la question de la violence à l’œuvre dans nos sociétés, du pouvoir que l’on acquiert sur l’autre pour se l’asservir.


Contrairement aux fables qui nous sont tenues à longueur de temps les politiques, le MEDEF et les médias, la propriété du capital (on ne parle pas des petites entreprises familiales) ne s’est pas constituée par le travail et la vertu de l’épargne. Ce que Marx appelle « l’accumulation primitive » résulte de l’exploitation du travail des autres, du pillage des colonies, de la traite négrière, de spéculations sur les denrées de première nécessité et de trafics en tous genres.


La richesse accumulée par la classe capitaliste lui a permis de se constituer en classe, d’imposer sa vision du monde et de transformer le monde selon ses intérêts. Au cours du 19ème siècle, penseurs et  courants socialistes, marxistes, anarchistes, anarcho-syndicalistes…ont posé la question de la propriété des moyens de production, sans que les diverses réponses qu’ils aient esquissées aient à ce jour fait leurs preuves. Le marxisme nous a donné pour comprendre le capitalisme des clefs dont la pertinence est toujours actuelle ; on ne peut en dire autant de la « dictature du prolétariat » et de la mobilisation de ce concept pour tenter de légitimer des exercices du pouvoir qui se sont souciés comme d’une guigne du dit prolétariat tout en s’en donnant à cœur joie côté dictature.


La conjugaison des luttes ouvrières et des contradictions du capitalisme a débouché sur des compromis entre le capital et le travail, dont les formes les plus abouties se sont mis en place après la seconde guerre mondiale, en s’inspirant du fordisme, des travaux de Keynes…  De fait, une fonction sociale était reconnue au capitalisme : assurer l’expansion de l’économie, le développement technologique… La base du compromis capital-travail est constituée par la prise en compte d’une nécessaire redistribution de la richesse produite aux travailleurs  pour faire tourner la machine économique. L’affrontement entre le capital et le travail n’en était pas pour autant absent : mais il était principalement tourné vers le niveau de cette redistribution, la diminution du temps de travail, l’avancement, les conditions de travail. Mais, en échange de concessions substantielles qui ont amélioré considérablement la vie des salariés, ni la propriété des moyens de production, ni la finalité de la production n’étaient jamais mises en question.


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Mais ce compromis capital-travail était fondamentalement instable. Depuis le début des années 80 la réaction capitaliste s’est mise en marche, méthodiquement. Le capital s’est considérablement internationalisé et concentré ; les firmes déplacent les unités de production comme des pions. Le creusement des inégalités assure à la classe capitaliste revenus et pouvoirs, même si l’économie se contracte. Un processus de déconstruction des acquis du monde du travail s’est mis en route et actuellement il s’accélère.


La question de la propriété du capital, des moyens de production revient à l’ordre du jour. Elle n’est pas posée de manière globale ou abstraite, mais elle surgit dans la foulée des pertes d’emplois, des fermetures d’entreprises et des délocalisations. Le capital est interrogé quant à sa fonction sociale, quant à ses responsabilités vis-à-vis de l’emploi, du tissu économique, de la vie des régions, de l’utilité sociale de la production, du respect de l’environnement. Devant la défaillance du capital à assurer sa fonction économique, à ne plus se montrer que sous son aspect prédateur, les droits du collectif de travail vis-à-vis de leur outil productif prennent consistance. La représentation d’une autre forme de propriété que la propriété capitaliste se dessine peu à peu. On prend conscience que l’entreprise c’est d’abord un collectif de travail, mais un collectif de travail dont la légitimité est de répondre aux besoins sociaux.  Face au risque de perdre leur emploi –la dernière chose que le capitalisme ait encore à leur offrir-, les collectifs de travailleurs prennent la parole, démontrent la viabilité de leur entreprise, proposent de nouvelles productions socialement utiles, de nouveaux procédés de production plus respectueux de l’environnement, imaginent des coopérations entre entreprises d’un même territoire, interpellent les pouvoirs publics pour qu’ils prennent leur responsabilité face au délitement du tissu économique local. Bref le temps d’une revendication, d’un projet à défendre, les travailleurs prennent à leur compte toutes les prérogatives patronales, celles de décider de l’organisation, de la finalité, de la viabilité économique de leurs propositions.


Faute du soutien politique que ces expériences mériteraient –accès à des solutions de financement, solutions institutionnelles pour pérenniser la poursuite de l’activité- cette affirmation collective aboutit trop rarement. C’est pourtant là que s’élabore les jalons d’un « autre monde », d’une autre économie, de nouveaux rapports sociaux et économiques ; qu’ils s’élaborent dans les consciences,  au cœur d’expériences où ceux qui y sont engagés défendent leur identité et leur place dans le monde.

 

(photo RTL)

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