Le « geste » du premier ministre
Quand pour contenir la fronde de sa majorité et tenter de faire rentrer les députés récalcitrants à la niche, le premier ministre a annoncé qu’il prendrait une « mesure forte », la presse et les commentateurs ont parlé du « geste » du premier ministre. Ce glissement dans les termes est très révélateur de l’arrogance de l’équipe au pouvoir
D’abord, qu’il s’agisse de « mesure forte » ou de « geste », il s’agira surtout de ne rien faire, puisque le premier ministre ne propose aucune réelle revalorisation, mais annonce qu’il s’abstiendra de laisser les pensions se détériorer au fil de l’inflation. Il faut déjà attendre que les dispositions pratiques soient annoncées pour apprécier si réellement le pouvoir d’achat des retraites actuellement inférieures à 1200 € sera intégralement maintenu.
Ensuite, il convient de s’interroger sur l’emploi de l’expression « faire un geste ». Elle traduit bien la condescendance et le mépris dans lequel les socialistes de gouvernement tiennent les couches populaires. Faire un geste, en général, cela revient à dire qu’on fait une faveur, un cadeau auquel on n’est pas obligé. Mais quand on fait un geste, en général, c’est sur ses propres deniers ! Or l’argent qui sert à payer nos retraites, comme toute la protection sociale, ce sont les cotisations sociales payées par notre travail, inclues dans ce que les employeurs appellent la masse salariale. Donc, en clair, le premier ministre se montre généreux avec notre argent. Rappelons que si la Sécurité sociale accuse un déficit –dont le montant est par ailleurs à relativiser- l’actuel gouvernement taille allègrement dans ses ressources, en détournant au profit du capital les cotisations sociales qui jusqu’à présent participaient de notre salaire.
Jusqu’à quand allons-nous le supporter ?